Un fantôme alternatif (en 220 volts)


Les esprits ne sont pas tous frappeurs : à meilleure preuve, ces étranges poltergeist qui se manifestent dans des luminaires… Enquête de Carmen Galli sur un fantôme branché dans le centre de la France (*)

Le mot Poltergeist vient de l’allemand « esprit [Geist] qui fait du vacarme [poltern] », en général un grondement ou un frappement. Mais dans certains cas, l’entité se manifeste par d’autres phénomènes physiques, en déplaçant des objets, par exemple, en émettant divers menus bruits insolites (murmures, craquements légers, sifflements, …), ou encore en interférant avec des ustensiles domestiques ou des appareils électroménagers.

Esprit (de la lampe), es-tu là ?

Dans cette affaire contemporaine de hantise, le supposé fantôme a plutôt tendance à jouer avec les lumières électriques : il éteint ou allume à l’improviste les lampes de chevet, fait griller les ampoules et provoque le vacillement ou des clignotements intempestifs des luminaires de la maison.

Les faits se déroulent de nos jours (tout a commencé en 2015) dans un département du centre de la France. L’affaire met en présence des personnages et plusieurs ingrédients assez classiques dans ce genre de phénomène :

– une adolescente -on l’appellera Lucie- tuée accidentellement chez elle dans des circonstances imprévisibles (alias le fantôme) ;
– une mère divorcée, femme énergique et solide à la tâche, mais visiblement traumatisée et sans doute psychologiquement vulnérable depuis la disparition de sa fille, avec laquelle elle avait des liens fusionnels très forts (la narratrice, qu’on appellera Christiane) ;
– une maison banale assez isolée, un peu en retrait d’une petite route dans une zone vraiment rurale (la maison hantée),
– la chambre de Lucie, simple et proprette, fermée et laissée en l’état depuis sa mort (un « cabinet médiumnique » idéal, pour reprendre la terminologie spiritiste),
– un environnement social un peu en vase clos, comptant beaucoup d’adolescentes, d’anciennes copines de Lucie qui, elles aussi, ont mal vécu ce tragique décès (des médiums potentiels, à en croire les parapsychologues)…

Quelques temps après la mort de Lucie, les perturbations lumineuses ont commencé à se produire à intervalle régulier, affectant principalement les dispositifs d’éclairage. Au début, Christiane n’y prêtait pas attention, les mettant sur le compte du réseau ou de mauvais contacts dans les luminaires. Mais après plusieurs vérifications et maints changements d’ampoules, tout s’est révélé parfaitement normal dans le circuit électrique et dans les lampadaires. Christiane a également observé qu’un pesant buffet de sa salle de séjour carrelée avait changé de place (sur environ la distance d’un carreau) sans que personne n’y ait touché…

Christiane apprend dans l’intervalle qu’elle n’est pas la seule à subir ces phénomènes : il s’en produit aussi chez une des anciennes proches copines de Lucie, très affectée par son décès au point d’en avoir fait une dépression nerveuse, et chez un jeune garçon qui était au côté de Lucie au moment de l’accident (il avait douze ans à l’époque). Un peu plus tard, une amie de Christiane hospitalisée dans le sud de la France pour un cancer lui révèle qu’elle aurait vu le fantôme de Lucie assise sur le bord de son lit, porteuse d’un étrange message : « j’aimerais bien parler à maman, mais c’est impossible, elle pleure trop… ».

D’abord sceptique, Christiane (qui se dit d’un naturel rationnel et peu portée sur le mysticisme) a fini à la longue par se poser des questions, allant jusqu’à douter d’elle-même. Son circuit électrique étant en bon état, il faut chercher ailleurs les causes de toutes ces perturbations : fatigue, solitude et tristesse aidant, ne serait-elle pas victime de son imagination, ou d’hallucinations visuelles ?

Pour en avoir le coeur net, Christiane a eu la bonne idée de filmer avec son téléphone plusieurs séquences sans plan de coupe des luminaires dans la chambre de Lucie et dans la salle de bains, où la jeune fille passait beaucoup de temps : sur ces vidéos, on distingue clairement des sautes inexplicables de lumière, des flash lumineux intermittents et des ampoules qui s’allument et s’éteignent toutes seules.

Rien de très spectaculaire, certes, mais surprenant pour une installation électrique somme toute récente et qui, jusqu’à présent, n’avait jamais posé problème. Plusieurs témoins extérieurs ont également assisté à ces manifestations insolites, en pleine journée comme en soirée.

Depuis maintenant plus de cinq ans, Christiane vit la situation avec une certaine résignation mais, dit-elle, de manière plutôt sereine : pour elle, le fantôme de sa fille trop vite et trop tôt disparue se manifesterait de la sorte, non pas pour l’inquiéter ou lui nuire, mais simplement pour la rassurer et lui dire que tout va bien pour elle dans l’au-delà.

La « Hantise électrique  »

Ce cas de « hantise électrique » est loin d’être unique dans les annales de la parapsychologie. Par plusieurs aspects, il rappelle celui survenu en 1967 à Rosenheim (en Allemagne) dans le cabinet d’un grand avocat, Me Sigmund Adam Ref.

Le poltergeist s’y manifestait là-aussi par des perturbations des appareils électriques, avec des flashes, des variations de lumière et des clignottements inexplicables Ref, auxquels s’joutaient parfois quelques autres effets physiques insolites : ainsi, à deux reprises, une armoire de documents de plus de 150 kg s’écarta toute seule du mur sur une trentaine de centimètres, deux hommes ayant été nécessaires pour la remettre en place .

Anne Marie Schaberl, la supposée médium dans l'affaire Rosenheim
Anne Marie Schaberl, la supposée médium dans l’affaire Rosenheim
Anne Marie Schaberl, la supposée médium de Rosenheine
Anne Marie Schaberl ous un des lustres hantés

Tous ces phénomènes semblaient focalisés sur la secrétaire du cabinet (médiumnique ?), une jeune fille de 18 ans, Anne-Marie, au caractère assez instable.

Dans un premier temps, mettant ces désagréments électriques sur le compte de dysfonctionnements du réseau, l’avocat fit contrôler son installation par les services municipaux compétents (électricité et téléphone) ; les techniciens firent des mesures et constatèrent en effet des variations d’intensité inexplicables. Pour y remédier, l’immeuble fut alors raccordé à un générateur électrique autonome, et les ampoules et les câbles électriques furent remplacés par du matériel neuf fourni par ces services, mais sans résultat : les variations d’intensité et les phénomènes continuèrent comme avant.

Soupçonnée d’être à l’origine de ces désagréments, la secrétaire fut invitée à rechercher un autre emploi ; or, selon certains témoignages, quelques légères perturbations furent signalées sur son nouveau lieu de travail, avant de cesser en 1969 après le mariage de la jeune femme.

L’affaire de Rosenheim, sur laquelle enquêta Hans Bender –un parapsychologue réputé de l’époque- a été l’objet de controverses, certains l’imputant à des causes naturelles (des parasites électro-magnétiques générés par des tubes halogènes défectueux, notamment), d’autres évoquant une possible supercherie de la secrétaire, peut-être avec la complicité de l’avocat lui-même. Certains auteurs considèrent enfin que Hans Bender aurait manqué d’objectivité dans son enquête, voire qu’il aurait en volontairement écarté certaines données.

Reste qu’à ce jour, aucune explication rationnelle convaincante n’a pu être apportée à tous ces phénomènes ; un autre spécialiste allemand, Wolfgang Buchel, souligna dans un article publié en 1976 Ref qu’aucune des tentatives d’explication fondées sur d’hypothétiques irrégularités du réseau électrique ou téléphonique ne pouvait s’appliquer aux autres manifestations constatées à Rosenheim, en particulier le déplacement spontané de meubles massifs…

Les circuits électriques constitueraient-ils un vecteur privilégié pour les entités astrales en mal de manifestation ? On se rappelle, dans un registre un peu comparable, les nombreux témoignages de magnétophones et de télévisions hantés diffusant des images et des messages de l’au-delà…

(*) Une enquête de Carmen Galli réalisée en 2020-2021. Les prénoms des personnages ont été modifiés pour des raisons de discrétion.

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Auto-stoppeuses fantômes au Kazakhstan…

A Khankol, une bourgade dans le nord-ouest du Kazakhstan, une mystérieuse créature féminine erre la nuit le long des routes et sème la crainte dans la population… Une Dame blanche centrasiatique ?

Capture de la vidéo de la Dame blanche auto-stoppeuse
Capture d’une vidéo de la Dame blanche auto-stoppeuse kazakhstanaise

C’est le #fantôme d’une femme aux cheveux clairs qui s’approche des camions ou des voitures de passage puis disparaît subitement. Dans certains cas, le fantôme aurait frappé aux vitres des voitures ou même serait apparu subitement dans des véhicules et tenté de forcer leur conducteur à quitter la route.

Des photos et même une vidéo circulent sur Internet… des images pas très convaincantes, il est vrai, mais filmer un fantôme de nuit en conduisant n’est pas forcément facile !

Dessin humoristique de l'auto-stoppeuse fantome
Vos papiers, s’il-vous-plaît… Et votre masque ?” (dessin humoristique paru dans le périodique kazakhstanais Tengrinews)

Cette information récente, largement relayée dans la presse kazakhstanaise, est prise assez au sérieux par les autorités locales, qui la réfutent pour rassurer les gens mais qui ont tout de même diligenté une enquête Ref. Deux précautions valant mieux qu’une, les responsables religieux du village ont organisé un rituel conjuratoire Ref.

D’autres cas similaires sont périodiquement signalés au Kazakhstan. A l’autre bout du pays, à Kapchagaï près de l’ancienne capitale Almaty, une jeune fille aurait été prise stop sur le bord de l’autoroute et aurait demandé à un des passagers de téléphoner chez elle pour dire que tout allait bien ; mais à l’autre bout du fil, ses parents ont répondu que leur fille est décédée Ref.

Des revenantes dont on ne revient pas !

Ce surprenant phénomène se déroule toujours à peu près selon le même scénario :

  1. la Dame blanche (une jeune femme aux cheveux clairs, le plus souvent) fait du stop la nuit sur une route peu passagère ; #dame blanche
  2. un conducteur (un homme d’âge mûr, le plus souvent) la prend à bord et la conduit où elle lui indique, en général un village un peu plus loin ;
  3. puis, presque arrivée à destination, la revenante disparaît subitement, à la plus grande stuppeur du conducteur ;
  4. renseignements pris, il s’avère que cette jeune femme est morte tragiquement quelques temps auparavant (souvent dans un accident de voiture à l’endroit même où elle s’est subitement évanouie).

Il y a différentes variantes, mais presque toujours les mêmes constantes : une femme aux cheveux clairs, qui erre la nuit sur une route déserte, qui disparaît inexplicablement, et qu’on identifie plus tard comme le fantôme d’une personne décédée auparavant, le plus souvent dans des circonstances brutales.

Article sur l'Ange Gabriel faisant de l'auto-spop
R.F.A : l’archange Gabriel ne faisait pas d’auto-stop en blue-jeans” (article de Jacques Boyer)

Toutefois, dans certains cas -beaucoup plus rares, il est vrai- l’entité se présente non pas comme une jeune femme, mais sous une autre apparence : une vieille femme, un jeune homme, un moine auto-stoppeur (rapporté par Ouest-France dans un article du 26 mai 1982 et repris par plusieurs journaux régionaux Ref.) et même l’Archange Gabriel, apperçu faisant du stop en ex RFA (rapporté par le quotidien Libération dans un article du 28 octobre 1982).

Les Dames blanches auto-stoppeuses auront-elles la (sur)vie dure ?

Le Kazakhstan n’a pas l’exclusivité de ces « dames blanches auto-stoppeuses », loin de là ! On en signale maintes occurrences dans bien d’autres pays. La plupart des spécialistes classent ces récits dans la catégirie des légendes urbaines Ref. mais on devrait plutôt parler de « légende routière », car l’épisode se déroule toujours sur une route et généralement assez loin d’une ville.

En France, dans les années 1980, on parlait déjà beaucoup de ces fantômes d’un nouveau genre, rôdant la nuit sur des routes désertes, avec un fort tropisme pour les automobiles ou les camions. Carmen Galli leur avait d’ailleurs consacré un article en 1982 dans son n° 4 Ref. Aux Etats-Unis -où les entités autostoppeuses  sont nommés vanishing hitchhikers ou ghost hitchhikers– des mésaventures de ce type sont rapportées et étudiées par les flolkloristes depuis au moins les années 1940.

Reste à s’interroger sur la durée de survie des auto-stoppeuses fantômes, à une époque où tous les nouveaux services Internet de covoiturage (Blablacar et autres) ont déjà pratiquement fait disparaître la pratique de l’auto-stop…

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