Des dents de sagesse aux dents de vieillesse !

Après la chute des dents de lait chez l’enfant, l’homme acquiert sa dentition adulte (ou denture permanente) et la conserve jusqu’à sa mort, plus ou moins complète et en plus ou moins bon état ! Mais chez quelques personnes âgées, il semble que ce processus puisse se répéter, une troisième poussée de dents nouvelles venant remplacer tout ou partie de celles de l’adulte. On ne parle pas là des banales dents de sagesse qui percent jusqu’à très tard chez certains sujets, mais bien d’un jeu plus ou moins complet de dents toutes neuves, ou « dents de vieillesse » !
Investigations odontologiques aux confins du grand âge …

Les « dents de vieillesse », miracle de l’Alchimie ou faculté naturelle ?

L’alchimiste Eugène Canseliet (1899-1982), dans un incontournable entretien radiophonique avec Jacques Chancel (Radioscopie du 23 juin 1978), a évoqué allusivement ce phénomène que les odontologues désignent -sans trop y croire- comme la « troisième éruption dentaire »… Quand il revit Fulcanelli en Espagne en 1952, l’Adepte avait alors 113 ans mais n’en paraissait pas 60. L’homme déjà âgé qu’il avait connu des décennies auparavant, et dont il gardait le souvenir d’un « vieillard, un beau vieillard, certes, mais néanmoins un vieillard » semblait avoir rajeuni de manière tout à fait extraordinaire :

Eugène Canseliet
Eugène Canseliet

« Quelle surprise ! […] C’est un peu comme l’enfant qui prend de l’âge, qui devient un homme ; on reconnaît l’enfant qu’on a connu dans l’homme qu’on retrouve […] Mais l’inverse ? Le vieillard qu’on a connu […] et qu’on revoit comme s’il avait remonté le temps ? On reconnaît toute sorte de choses du visage, les oreilles, la forme, l’implantation des cheveux, grisonnants, certes, mais qui étaient noirs… Bon, vous me direz, il a pu se teindre… Non ! C’était bien lui ». Et d’ajouter « Je n’ai pas pu voir s’il avait des dents nouvelles, je vais loin Mais dans l’ensemble, quelle allure ! »

Le Pandit Madan Mohan Malaviya

Un phénomène analogue -et peut-être lui aussi en lien avec l’Alchimie- semble s’être produit chez un des grands militants de l’Indépendance de l’Inde, Madan Mohan Malaviya (1861-1946), compagnon de route de Gandhi, député et ancien Président du Congrès national Indien, vice-chancelier de l’université hindoue de Bénarès.

Illustration du magazine américain LOOK

En 1938, à presque 80 ans, il défraya la chronique par une spectaculaire régénération attribuée au kayakalpa, un traitement ayurvédique de l’Alchimie indienne : l’homme semblait avoir rajeuni de trente ans et là aussi, certains insinuent qu’il aurait eu de nouvelles dents (ce que démentira toutefois Malaviya lui-même).

De prime abord, de tels faits peuvent surprendre mais au terme d’une longue enquête, Carmen Galli a constaté que la repousse des dents chez une personne très âgée (accompagnée parfois, comme chez Fulcanelli, d’une repigmentation des cheveux) n’est pas réservée aux Adeptes parvenus à la Pierre philosophale : certains individus -voire tout le monde- possèdent peut-être naturellement cette faculté régénérative surprenante qu’au fond, la Médecine alchimique se contenterait de potentialiser.

Un phénomène identifié dès l’Antiquité …

Au Livre XI de son Histoire naturelle, Pline l’Ancien (23-79 ap. JC) évoque le phénomène (« Mucianus prétend avoir vu Zancies de Samothrace, à qui ses dents avaient repoussé à plus de 104 ans ») mais ce bref passage n’est guère probant, car il s’agit d’un témoignage de seconde main dont l’auteur ne garantit pas l’authenticité ; du reste, comme beaucoup d’auteurs antiques, Pline ne faisait pas toujours la distinction entre des faits bien réels, des récits plus ou moins imaginaires ou des mythes purement légendaires.
De son côté, Aristote (4ème siècle av. JC) rapporte dans son Histoire des animaux (T. 1er, Livre II, ch. III § 20) qu’on a déjà vu « quelques femmes à qui des molaires ont poussé à l’âge de quatre-vingts ans ; mais cette pousse était très-douloureuse. On l’a vue aussi chez des hommes », sans préciser cependant si ces  molaires étaient des dents de sagesse extrêmement tardives ou bien d’authentiques nouvelles dents remplaçant des molaires tombées longtemps auparavant.

Portrait de Katherine FitzGerald

Au 16ème siècle ap. JC, une aristocrate irlandaise, Katherine FitzGerald, comtesse de Desmond, restée fameuse pour sa forme et sa longévité à toute épreuve (elle serait morte en tombant d’un arbre à 120 ans passés…) s’est signalée, entre autres singularités, par la pousse d’une nouvelle dentition aux alentours de 90 ans. Le cas est rapporté par plusieurs sources, avec cependant des détails trop divergents pour qu’on puisse le tenir pour certain.

Dans sa thèse de doctorat en chirurgie dentaire soutenue en 2016 devant la Faculté d’odontologie de l’Université de Lorraine, Romain Semionov consacre d’intéressants développements à la « 3ème dentition ». Il cite notamment le témoignage vécu de l’anatomiste hollandais Isbandis de Diemerbroeck (1609-1674), qui a observé le phénomène sur lui-même : Diemerbroeck raconte raconte qu’à l’âge de 56 ans, une de ses canines a repoussé alors qu’il l’avait perdue des années auparavant, reconnaissant néanmoins que ce phénomène est extrêmement rare.

L’anatomiste  Isbbandis de Diemerbroeck

Soucieux du détail, le chirurgien flamand Jean Palfin (in son Traité sur la Nouvelle ostéologie publié à Paris en 1731) relève que chez Diemerbroeck, cette nouvelle dent tardive « resta plus petite que les autres » ; Palfin mentionne plusieurs autres cas similaires, dont celui d’une femme de Silésie (en Europe centrale) âgée d’environ 70 ans, à laquelle la pousse de 20 nouvelles dents causa « de très vives douleurs, & les mêmes accidens qui arrivent aux enfans à la sortie de leur premières Dents »…

 … et beaucoup mieux documenté à partir du 18ème siècle

La littérature odontologique des 18ème et 19ème siècles abonde d’observations bien documentées, avec des cas parfois saisissants de « dentition des vieillards ». Le médecin pathologiste français Gabriel Andral (1797-1876), professeur à la Faculté de médecine de Paris et véritable fondateur de l’hématologie, en signale plusieurs dans son Précis d’Anatomie pathologique (T. 2nd, Ière partie) publié à Paris en 1829 : «  […] il y a des cas où, plus ou moins longtemps après l’époque où sont tombées les dents de la seconde dentition, de nouvelles dents viennent à paraître ; et comme cela a surtout lieu dans un âge avancé, on a donné à cette troisième pousse de dents le nom de dentition des vieillards. Sur douze cas de ce genre que j’ai trouvés épars dans les auteurs, l’individu le moins âgé avait 30 ans […] un second avait 50 ans [et ainsi de suite jusqu’à] un sixième 70 ans ; deux avaient 80 ans […] un neuvième 82 ans […] un dixième 92 ans […] et des deux deniers l’un avait 104 […] et l’autre 119 ans ».
Toujours au chapitre de l’anatomie, le Dr Anatole Le Double, dans son Traité des variations des os de la face de l’homme (Paris, 1906), formule d’intéressantes observations sur la troisième dentition et remarque que ces dents survenues sur le tard « sont, en outre, habituellement plus foncées, jaunâtres et coniques, ressemblant, en un mot, à celles des sélaciens… » (c’est-à-dire les poissons à os cartilagineux comme les requins ou les raies, dont les dents tombent et se remplacent durant toute la vie de l’animal).

L’anatomiste français Étienne Serres (1786-1868) a consacré à ce phénomène deux rubriques de son Essai sur l’anatomie et la physiologie des dents, ou la Nouvelle théorie de la dentition ; la première, intitulée « De la troisième dentition » qui, selon lui, peut se produire chez des sujets relativement jeunes et la seconde, traitant de sa déclinaison spécifique chez les personnes très âgées (« De la dentition des vieillards » sic), dont il convient avec philosophie que s‘il est « des propositions singulières par elles-mêmes : de ce nombre est, sans contredit, la dentition des vieillards. A plus d’un égard, l’homme, à la fin de sa carrière, se rapproche de l’état où il étoit à son entrée ; mais la pousse de nouvelles dents, à un âge très-avancé, me paroît l’une des choses les plus bizarres de son histoire »…

Le Pr Etienne Serres

Examinant les possibles explications physiologiques de ces éruptions dentaires tardives, Serres se réfère non seulement aux nombreux travaux antérieurs de plusieurs éminents confrères -dont les Observationes quaedam de dentitione tertia, un opuscule en latin publié sur ce sujet en 1786 par l’anatomiste allemand Johann Carl Gehler (1732-1796)– mais également à ses propres observations, dont un cas typique de troisième pousse chez un de ses patients (assez jeune au demeurant) : « J‘ai, en ce moment , à l’hôpital dé la Pitié, |un homme de trente-cinq ans, dont les deux incisives centrales de la mâchoire inférieure tombèrent accidentellement à l’âge de trente-un ans ; au bout de quelques mois, il fut fort surpris, dit-il, de voir reparoître celles qui existent maintenant : ces troisièmes dents sont beaucoup plus petites que les autres, et sont toujours un peu branlantes, peut-être parce que les alvéoles ne les embrassent pas encore étroitement par leurs racines ».
On trouve la relation de nombreux cas de ce type dans la littérature spécialisée de l’époque. Dans les Comptes rendus et Mémoires de la Société de Biologie (3ème Série, T. 2, Paris, Londres & New York, 1861), M. Carre, Interne des Hôpitaux de Paris, rapporte ainsi en termes fort précis une éruption dentaire chez une personne âgée de 85 ans :

« Quoique soumises à des lois dans leur évolution, les dents peuvent, comme beaucoup d’organes, présenter de curieuses anomalies […] Tantôt, en effet, les dents font leur apparition avec une rapidité extraordinaire […] tantôt, au contraire, elles se montrent bien après l’époque voulue […] Les exemples de troisième dentition ne sont pas rares […] On pourrait multiplier les citations [mais] j’ai pensé que l’observation suivante présentait assez d’intérêt pour être relatée :
« OBS. — Madame X… a 85 ans; elle jouit d’une excellente santé et d’une activité surprenante pour son âge. Un phénomène curieux s’est manifesté chez elle vers le mois de janvier 1859. A cette époque, elle ressentit une douleur à la mâchoire supérieure; elle crut s’être brûlée en prenant un potage trop chaud. Cette sensation de brûlure et de chaleur persista, avec un peu de gonflement, pendant une huitaine de jours, et c’est alors qu’elle s’aperçut, à son grand étonnement, qu’une dent lui poussait. C’était la canine supérieure gauche. Celle-ci s’accrut avec rapidité, et actuellement elle a ses dimensions et ses caractères naturels, qui permettent facilement de la reconnaître; elle est solidement implantée dans son alvéole.
Deux mois environ après cette première apparition, les mêmes symptômes d’évolution dentaire se montrèrent dans le voisinage et se terminèrent par l’éruption de la deuxième incisive gauche. Cette dent est petite, solide et présentant des aspérités.
A quelques mois d’intervalle (la date n’est pas précise), madame X… vit apparaître la première petite molaire inférieure du côté droit ; enfin, au mois de janvier dernier, la première petite molaire supérieure du même côté. La première de ses deux dents n’a acquis qu’un développement très-limité ; elle déborde à peine le rebord de la gencive, elle est irrégulière à sa surface libre. La deuxième a des dimensions presque normales […] »

Le thème de la 3ème pousse dentaire évoqué de manière humoristique dans l’ancien magazine britannique Your Sinclair : ” Vous avez perdu une dent ? Ce n’est pas grave, une autre poussera […] rassurez-vous, car la pousse d’une troisième dent a été constatée à plusieurs reprises, et un Français en a même fait quatre […] “.

… et signalé dans différentes régions du monde

Dans les années 1980, Carmen Galli (in son édition papier) avait cité plusieurs cas alors récents de troisième pousse survenus en Chine et relatés par la presse locale ; le n° 5 de l’édition papier (avril 1982) signalait par exemple une brève du quotidien de Shanghai Wenhui Bao titrée La vie à pleine dent, rapportant qu’un paysan centenaire et édenté, Luo Shijun, « … a eu la stupéfaction de voir un beau matin 27 dents toutes neuves -16 en bas et 11 en haut- pointer sur ses gencives dégarnies […] et qui, depuis, cette ahurissante “poussée” est devenu une véritable célébrité dans sa région. Un responsable de son village, qui n’en croyait pas ses yeux, a donné à Luo un morceau de viande que le paysan a mâché avec complaisance devant une foule ébahie » ; d’après une coupure du journal Nice-Matin du 6 avril 1982, les nouvelles dents de Luo continuaient d’ailleurs de pousser au moment de la parution.
Beaucoup plus récemment (novembre 2009), quelques sites d’information ont relayé l’anecdote survenue à une certaine Mme Jiao Zhenwa, une chinoise de 107 ans vivant dans le district de Ychuan (province de Henan) : selon le très officiel China Daily, la plus que centenaire a vu pousser deux nouvelles dents, un phénomène qui a vivement surpris son entourage et sa nombreuse famille ! Se référant quant à lui au People’s Daily online, le site de L’internaute.com s’en est lui aussi fait l’écho dans une petite chronique concluant que « même après 100 ans, on peut croquer la vie à pleine dents … ou presque » !

La Chine n’a pas le monopole de ces cas singuliers. Ainsi, au 19ème siècle, l’explorateur britannique Hervey Lovet Cameron (1844-1894), premier européen à avoir traversé l’Afrique équatoriale d’est en ouest entre Zanzibar (en Tanzanie) et Benguéla (en Angola), raconte sa rencontre avec un certain Magommba, important chef local de la région de la région des Grands Lacs qui, au dire de ses sujets, avait alors plus de trois cents ans… Sans se prononcer sur l’âge réel du personnage, Cameron était néanmoins convaincu qu’il avait à faire à un centenaire (« […] pour moi, il n’est pas douteux que Magommba n’eût alors beaucoup plus d’un siècle : ses petits-fils étaient des vieillards à cheveux blancs et couverts de rides »), et rapporta cette surprenante anecdote : «  Magommba en était à sa quatrième dentition. Toujours d’après les mêmes dires, il avait perdu ses troisièmes dents, sept années avant notre visite ; depuis cette époque, ne pouvant plus manger de viande, seule nourriture qui fût digne d’un homme de son rang, il ne vivait que de bière »…

Les nouvelles dents de Maria Vasilyeva

Au fil de dépêches publiées sur Internet, on découvre également des cas similaires en Europe de l’Est, comme celui de Maria Vasilyeva, une femme de 104 ans vivant au Tatarstan (Russie) et qui, d’après une dépêche de l’Agence RIA Novosti, aurait vu en 2001 repousser non pas une dentition complète mais trois nouvelles dents ; ou celui d’une femme de Bosnie âgée de 115 ans chez qui était repoussée une série de trois nouvelles dents ressemblant à des dents de chat…

En Inde et dans les régions limitrophes, on signale également plusieurs cas de repousse tardive des dents et de recoloration capillaire, le plus souvent grâce à des pratiques et des substances rappelant quelque peu l’Alchimie.
Ainsi, dans une étude bien documentée(1) sur le rajeunissement de Madan Mohan Malaviya (cf. supra), l’universitaire britannique Suzanne Newcombe évoque le cas d’un célèbre yogi, le Mahatma Shriman Tapasviji Maharaj, né dans une famille princière du Penjab en 1770 et qui, après plusieurs cycles de régénérations ayurvédiques, aurait vécu jusqu’en 1955, date à laquelle, alors âgé de 185 ans, il aurait décidé de clore définitivement le cours de son existence terrestre… Ayant vécu dans l’aisance et le confort jusqu’à la cinquantaine, Tapasviji, devenu veuf, prit le chemin de l’initiation auprès d’un maître yogi et s’installa dans une grotte située aux pieds de l’Himalaya, non loin de Rishikesh.
Là, il se livra à de rigoureuses pratiques ascétiques de régénération ayurvédique et absorba diverses substances qui, après quelques années, firent de lui un nouvel homme : « alors qu’à cette époque, il avait déjà des rides, il aurait pris quotidiennement une certaine pilule pendant trois jours. Puis il perdit connaissance pendant trois jours, au cours desquels son compagnon sadhu lui administra quatre pilules supplémentaires. Au bout de dix jours, la peau de Tapasviji s’était détachée, remplacée par une nouvelle peau sans rides. Au bout de quinze jours, une nouvelle dentition lui était poussée et ses cheveux étaient passés du blanc au noir. Tapasviji rapporte que ce traitement a duré au total trois mois. Après avoir constaté un tel rajeunissement, son compagnon sadhu suivit lui aussi le traitement, avec les mêmes changements positifs, retrouvant sa jeunesse et sa force […] ».

Outre-Atlantique, le Petit Journal de Montréal rapporta en septembre 1935 le cas d’un homme âgé décédé à 113 ans, J. Allen Jr (1824-1937), vétéran de la Guerre de Sécession établi en Oklahoma et connu pour avoir élevé, outre ses 8 propres enfants, 43 orphelins dont des petits Indiens ; à cette longévité exceptionnelle et à son dévouement familial remarquable, J. Allen a ajouté un curieux titre de notoriété : la repousse à 111 ans d’une dentition complète (la troisième ou la quatrième, selon les versions).
En Amérique, ce cas est loin d’être isolé. L’Oxford Democrat (un journal de l’État du Maine) relatait ainsi dans son édition du 20 septembre 1920 la mésaventure d’un employé d’une compagnie des eaux du Tennessee, M. Star, qui avait renoncé à se faire poser des implants en raison du coût trop élevé demandé par son dentiste… Il fit bien de surseoir à cette coûteuse intervention car à 84 ans, l’homme constata la repousse naturelle de 12 nouvelles dents, accompagnée des symptômes douloureux habituels que provoque la percée des dents chez les bébés puis chez les enfants faisant leurs dents d’adulte…

Catherine Broshears Maynard en 1903

On remarque également le cas de Catherine Broshears Maynard (1816-1906), énergique co-fondatrice du premier hôpital de Seattle (dans l’État de Washington), chez qui une nouvelle dentition était en train de percer à ses 80 ans (Seattle Times du 4 juillet 1896)…

Des pousses successives : pourquoi s’arrêter à trois ?

Quelques spécialistes -très peu nombreux, il est vrai- ont même envisagé qu’après la troisième éruption dentaire, pourraient en survenir une ou plusieurs autres. Ainsi, un auteur aussi sérieux qu’Étienne Serres ne s’émeut pas outre-mesure que « […] chez certains individus, la dentition peut se renouveler une troisième, et, selon quelques auteurs, même une quatrième fois… ».

Dûment homologué par le Guinness des Records 1983 (29ème édition), le “cas Lison” d’une 4ème pousse dentaire observée en France dans le département de la Nièvre

Plus étonnant encore, au chapitre des anomalies de l’éruption de son traité sur L’art dentaire en médecine légale (Paris, 1898), le Dr Oscar Amoëdo, professeur à l’École Odontotechnique de Paris, énonce sans sourciller qu’il existe « de nombreux faits de troisième, de quatrième, de cinquième et de sixième dentition » !
Surenchère crédible ? En comparaison des exemples argumentés de troisième dentition, Anatole Le Double se montre beaucoup plus réservé sur d’éventuelles suivantes : « En ce qui concerne les cas de dentition quaternaire mentionnés jusqu’ici dans l’espèce humaine, aucun ne me paraît présenter des garanties de certitude absolue ». De fait, sauf à ce qu’elles se répètent à une cadence très rapide, la chronologie de ces poussées dentaires à répétition chez un individu déjà âgé supposerait qu’il survive jusqu’à un âge vraiment très avancé…

Dents et cheveux, un insolite package

A en croire Eugène Canseliet, les cheveux du Fulcanelli des années 1950 seraient redevenus noirs alors qu’ils étaient déjà grisonnants quand il l’avait vu pour la dernière fois, des décennies auparavant… Une affirmation a priori moins choquante que la repousse de nouvelle dents car pour reprendre la malicieuse concession de Canseliet, « Bon, vous me direz, il a pu se teindre » (disqualifiant au passage un certain nombre de personnages blonds ou roux auxquels divers auteurs ont cru pouvoir identifier le Maître ; à moins qu’il ne jouât par cette remarque anodine sur le double sens du terme teinture, en ce qu’il désigne aussi -et surtout !- la Médecine universelle tirée de la Pierre philosophale…).
Cette Médecine ou Élixir qui, d’après La Clef du Grand Œuvre (ou Lettres du Sancelrien tourangeau, opuscule hermétique anonyme publié à Paris en 1777), « peut renouveler l’homme en entier, en lui faisant changer la peau, tomber les vieilles dents, les ongles et les cheveux blancs, à la place desquels elle en fait croître de nouveaux, selon la couleur que l’on désire » ; dans ses Demeures philosophales, Fulcanelli semble cependant réfuter cette affirmation en la mettant sur le compte d’un « excès de l’imagination » !
Reste que le recours à une explication alchimique n’est qu’une voie d’interprétation parmi d’autres, car bien des cas de troisième éruption dentaire s’accompagnent en effet d’une repousse et/ou d’une repigmentation capillaire, deux manifestations certes distinctes, mais peut-être imputables au(x) même(s) facteur(s) et que certains auteurs n’hésitent d’ailleurs pas à associer.

Au 17ème siècle, un écrivain espagnol, Agustín de Rojas Villandrando (1572-1635) puise ainsi dans le Coloquio breve y compendioso de Francisco Martínez de Castrillo (le premier véritable ouvrage européen de la littérature odontologique) ce témoignage quasi fortéen : un magistrat assurait avoir rencontré « dans un endroit des Alpujarras un homme aux cheveux blancs et sans dents, et qu’étant retourné au même endroit douze ans plus tard, il a vu cet homme cette fois-là avec des cheveux noirs et des dents »(2).

Au Tome 2 de son ouvrage Dents et dentistes à travers l’Histoire, le médecin français Augustin Cabanès, journaliste et historien de la médecine (1862-1928) relève « […] dans les Leçons de clinique médicale de R.-J. Graves (page 536) [le cas de] Mary Horn, de Mapleton (Derbyshire), [qui] eut de nouvelles dents à 110 ans, et ses cheveux reprirent alors leur couleur primitive ».

Charles Darwin

De son côté, l’illustre naturaliste britannique Charles Darwin (1809-1882), père de la théorie évolutionniste, acte sans réserve l’affirmation du Dr Sedgwick(3) (1821-1906)/ selon laquelle « […] il existe un rapport analogue entre les cheveux et les dents, dans les cas, fort rares d’ailleurs, où les cheveux ont repoussé à un âge avancé, car les dents repoussent ordinairement aussi »(4). Dans son ouvrage sur la Zoonomie (publiée à Gand en 1810), le grand-père du naturaliste, le médecin Erasmus Darwin (1731-1802), s’était déjà intéressé à la question, émettant l’hypothèse -assez novatrice pour l’époque- que l’homme possède naturellement une certaine faculté de repousse des organes tombés, comparable à celle dont font preuve beaucoup de végétaux et certains animaux (les lézards ou les crabes, par exemple) ; il en voulait pour preuve l’apparition de la dentition adulte après la chute des dents de lait mais aussi « […] quelques exemples d’une troisième pousse survenu aux mâchoires des vieillards ».
Une repigmentation capillaire concomitante avec la repousse tardive de dents a elle aussi été constatée ailleurs qu’en Europe occidentale : dans le n° 9 de son ancienne édition papier, Carmen Galli citait par exemple en 1983 le cas de Mme Yu Yin Yam, vénérable centenaire chez qui venaient de percer huit nouvelles dents tandis qu’une partie de ses cheveux blancs étaient redevenus noirs ; effets collatéraux de ce rajeunissement inattendu, le cycle menstruel de la brave grand-mère était réapparu, et son visage s’était même recouvert d’acné juvénile… (cité dans l’ancien périodique Actuel, n° 44).

Troisième pousse : au fil (dentaire) de l’actualité internationale…

Le rajeunissement et la régénération des organes et des tissus ont de très longue date fait l’objet de recherches et de travaux plus ou moins scientifiques avec, s’agissant plus particulièrement des dents, des résultats en général peu convaincants. Cette situation est néanmoins entrain d’évoluer, des découvertes récentes -la maîtrise des cellules-souches et la thérapie génique, notamment- débouchant déjà sur des résultats assez spectaculaires.

Plusieurs chercheurs russes travaillent sur ce sujet depuis au moins une vingtaine d’années, mettant en œuvre concurremment des technologies avancées (utilisation de cellules-souches, par exemple) et diverses méthodes psychiques (méditation, auto-suggestion,,,) voire ésotériques, avec en ligne de mire la pousse de dents nouvelles à des fins thérapeutiques.
D’après une longue chronique publiée en 2012 sur le site russe de vulgarisation médicale bazovo.ru, « la croissance de nouvelles dents est activée par la nature elle-même vers l’âge de 70-100 ans »(5) et les méthodes régénératives mises en œuvre ne feraient que potentialiser ce processus naturel ; cette chronique renvoie, entre autres références, à la page d’un site Internet d’enseignement yogique et ayurvédique (en russe) intitulée « Comment faire pousser de nouvelles dents ? Pratique de la régénération », avec un exposé méthodique et actualisé des techniques à mettre en œuvre. Parmi bien d’autres publications du même type, on peut également citer, en 2007, une longue étude d’Ekaterina Slobodskova (dentiste ayant pratiqué durant 25 ans), « Новые зубы – фантазия или реальность? » (« De nouvelles dents – fantasme ou réalité ? », dont une assez bonne synthèse en anglais, assortie de plusieurs vidéos Youtube, est disponible sur la version anglophone du site russe arsochi.ru (le texte complet en russe de cette étude est encore disponible sur plusieurs sites russophones).
Que penser de tous ces travaux depuis une vingtaine d’années, qui demeurent globalement méconnus en dehors de la sphère russophone ? Si certains paraissent assez fumeux, ils mériteraient pourtant d’être évalués de manière objective, ne serait-ce que pour éclairer d’autres recherches poursuivies sur ce terrain dans différents pays occidentaux.

Il y a une dizaine d’année, le très sérieux Journal of Dental Research (revue scientifique internationale à comité de lecture), cité par The Guardian, faisait état d’essais réalisés en vue de réimplanter sur des patients édentés des germes de dents nouvelles obtenus par culture cellulaire à partir de cellules gingivales humaines et de cellules-souches de souris.

Le Pr Roland Lauster

Plus récemment (2019), des chercheurs de l’Institut biotechnologique de l’Université technique de Berlin ont communiqué sur leurs travaux visant à réinitialiser chez un sujet dont des dents ont disparu, un processus de croissance en trois phases sur le modèle de la « condensation mésenchymateuse » à l’œuvre dans le développement naturel des ongles ou des dents : d’abord par extraction de cellules de la pulpe dentaire du sujet, qui seront ensuite cultivées selon un procédé les transformant en germe actif, lequel sera enfin réimplanté dans la mâchoire à regarnir… Comme le rapporte la version francophone du Dental Tribune International, l’équipe des chercheurs allemands, sous la direction du Pr Roland Lauster, spécialiste des techniques de régénération cellulaire, se fonde sur l’idée que « […] la mâchoire humaine possède les informations nécessaires à la croissance de nouvelles dents, tout au long de la vie […] la question étant de savoir ce qui déclenche exactement ce processus ».

Le Pr Katsu Takahashi

Mais l’avancée la plus spectaculaire -et la plus récente- semble venir du Japon. Durant l’été 2023, les réseaux sociaux et de très nombreux médias Internet ont ainsi relayé les résultats obtenus par une équipe dirigée par le Pr Katsu Takahashi, directeur du département de dentisterie et de chirurgie buccale de l’Hôpital Kitano, à Osaka. Au terme d’un protocole expérimental complexe et de nombreux essais sur des animaux, ces chercheurs ont mis au point un procédé consistant, schématiquement, à stimuler grâce à un anticorps monoclonal le gène spécifique impliqué dans l’hyperdontie, affection congénitale déclenchant chez certaines personnes (environ 1 % de la population) le développement de dents surnuméraires et qui pourrait lui-même être la survivance d’une faculté naturelle de troisième pousse, ayant régressé (mais pas tout à fait disparu) chez l’homme au cours de l’évolution
Là encore, on retrouve en arrière-plan l’idée très alchimique qu’au fond, cette régénération, quoique surprenante, serait une aptitude innée à laquelle l’Art (dentaire, pour le cas) permettrait de s’exprimer. Faut-il alors admettre, comme le soutient Ekaterina Slobodskova, que « Le troisième changement de dents est associé à l’alchimie de l’esprit [et qu’il] est associé à un changement de la personne elle-même » ?
Pour l’heure, l’équipe japonaise s’en tient à une approche purement physiologique et n’envisage pas de généraliser la repousse de dents nouvelles chez toutes les personnes édentées du troisième âge ! Les essais cliniques chez l’homme, qui pourraient débuter dans les prochaines années, viseront d’abord à traiter certaines affections empêchant chez certains sujets l’éruption normale de leur dentition adulte (anodontie totale, très handicapante pour la nutrition et l’expression orale, ou oligodontie ne portant que sur quelques dents).

Notes :
(1) Suzanne Newcombe, « Yogis, Ayurveda and Kayakalpa – The Rejuvenation of Pandit Malaviya », étude publiée sous la direction de Dagmar Wujastyk, Suzanne Newcombe & and Christèle Barois dans un numéro spécial « Transmutations : Rejuvenation, Longevity, and Immortality Practices in South and Inner Asia » de la revue canadienne (Université de l'Alberta) History of Science in South Asia (n° 5.2 -2017, p, 85–120).

(2) Cité dans les Actes du XXème Congrès de la Société française d'histoire de l'art dentaire, organisé en 2010 à Pouy-sur-Vannes, publiés sous la direction de l'historienne française de la médecine Danielle Gourevitch (1941-2021) - Bibliothèque inter-universitaire de médecine et d'odonto-stomatologie, Paris.

(3) Il s'agit du Dr William Sedgwick, un praticien britannique peu en vue (chirurgien à l'hôpital londonien de Marylebone, épidémiologiste et auteur de plusieurs articles sur l'hérédité) et non du fameux géologue homonyme Adam Sedgwick (1785-1873), qui fut un des principaux enseignants et un ami personnel de Charles Darwin ; la confusion est facile car on retrouve plusieurs Sedgwick (aussi bien en patronyme qu'en prénom) dans l'entourage familial, personnel ou académique de Darwin.

(4) Cf. la citation intégrale de ce texte de Darwin, traduite en français, sur le site du Darwin online et le renvoi bibliographique correspondant sur le site britannique du Darwin Correspondence Project. L'article en question de William Sedwick (in la British and Foreign Medico-Chirurgical Review, n.s. 31: 445–78; 32, p. 159–97) est disponible online sur le site de la National Library of Medecine (bibliothèque américaine) : On the Influence of Sex in Hereditary Disease.

(5) « Méthodes de régénération de nouvelles dents chez l'homme : croissance selon Shichko, Norbekov et l'utilisation des technologies modernes » - Au moment où ce post est rédigé (décembre 2023), la chronique en question ne semble plus disponible sur le site en question.

 

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Lapins créti(e)ns…

Une mutation discrète s’opère, dans les pratiques pascales des Français : d’après des chiffres récemment diffusés, la part des ventes de poules et d’œufs de Pâques en chocolat régresse d’année en année, au profit d’un nouveau bestiaire chocolaté où le Lapin de Pâques se taille la plus grande place !

Lièvre de Pâques en chocolat
Lièvre de Pâques en chocolat

Ce serait même désormais l’article le plus vendu, reléguant bien loin derrière lui des chocolats plus traditionnels, comme la désuète Cloche de Pâques.

Lapin Père Noël
Un audacieux “Lapin Père Noël”

Décidément, ce lapin s’invite dans plusieurs fêtes majeures, puisqu’il n’hésite pas à endosser aussi la Hotte et les bottes du Père Noël ! Y aurait-il « quelque chose qui cloche » (de Pâques…) ?

En réalité, la Bête à oreilles n’a rien d’illégitime dans le Mystère pascal. La Fête chrétienne de Pâques tombe peu ou prou aux alentours de l’équinoxe de printemps, pendant laquelle beaucoup de peuples anciens célébraient une déesse de l’amour et de la fécondité, elle-même souvent associée à l’image d’un lapin ou d’un lièvre. Le retour du printemps chaque année portait à fêter la (re)naissance de la nature et la germination des plantes, qu’évoque aussi la résurrection du Christ.

Les cultes de l’Ostara germanique ou de l’Eastre ou Eostre anglo-saxonne -divinités ayant donné leur nom à la fête de Pâques en anglais (Easter)- leur attribuaient le lièvre comme symbole, et elles sont elles-même des avatars d’autres déesses aux noms comparables, comme l’Astarté ou l’Ishtar proche-orientale.

Il est vrai qu’Astarté est une figure polyvalente ; plutôt belliqueuse pour les Sumériens, elle sera assimilée plus tard par les Gréco-romains à Aphrodite / Vénus, qui est une déesse de l’amour. L’animal totem reste pourtant le même : un lapin ou un lièvre. N’est-ce pas la réminiscence de cette origine guerrière qui porta un jour Lewis Caroll à recomposer argotiquement son étrange Lièvre de Mars ? Encore n’innovait-il pas vraiment, car on trouve dans des écrits anglais bien antérieurs un March Hare (en d’autres termes, le Lièvre d’Arès…), parèdre du Lièvre de Vénus. Quoi qu’il en soit, le lièvre-lapin reste bel et bien lié symboliquement à des cultes anciens que le christianisme tentera d’éradiquer, au point que sa capture par un chasseur était jadis une métaphore du paganisme vaincu.

Mais que diable allait-il faire dans cette garenne ?

Le chocolat pascal le plus vendu est aujourd’hui l’incontournable Lapin d’Or du fameux chocolatier Lindt. Qui a des oreilles (de lapin…) entende, cet intitulé interpelle l’Apprenti !

Le Lapin d'or, de Lindt
Le Lapin d’or, de Lindt

Le geste symbolique de ramasser un lapin -fût-il de chocolat- dans le jardin de Dame Nature n’a rien d’anodin : cela revient à « soulever un lièvre », autrement dit à mettre au jour une connaissance cachée. Car pour les alchimistes, Lièvre ou Lapin suggère l’intimité occulte de ces animaux avec les entrailles de la terre, qu’ils côtoient dans leurs terriers souterrains.

En latin, le lièvre est désigné Lepus (génitif : Leporis), dont dérive d’ailleurs un doublon français : lièvre, mais aussi lapin (avec moins de certitude pour ce second terme, d’autant que le lapin est désigné en latin sous le vocable de cuniculus). Jouant sur la consonance, les alchimistes ont discerné dans le Lièvre une évocation analogique de la matière brute, par le détour d’un jeu de mots avec la Lèpre, comme Fulcanelli le note à propos dans son Mystère des Cathédrales :

Un extrait du Mystère des Cathédrales, de Fulcanelli
Extrait du Mystère des Cathédrales

L’Adepte rappelle aussi, au même chapitre, que le « bec-de-lièvre » n’est pas qu’une infirmité physique, c’est aussi l’attribut qui permet de parler la Langue des oiseaux, ce qui n’a au fond rien d’étonnant, puisque le bec est au premier chef la bouche des volatiles.

Sur la ligne des crêtes …

Étant associés à la Fête de Pâques, les Lapins créti(e)ns sont-ils croyants ?
Et ont-ils des crêtes, ce qui les rapprocherait encore un peu plus des oiseaux ?

Sur le plan étymologie, ces questions restent posées, et l’origine du terme crétin n’y

Lapin crétin
Une beau spécimen de Lapin crétin

répond pas de manière catégorique. Certains -dont l’auguste Littré, mais après des hésitations- font en effet dériver cet adjectif de « chrétien », par le détour de patois franco-provençaux. D’autres le rattachent au terme germanique Kreide (la craie), parce que les crétins auraient en général la peau blanchâtre ; de fait, les Lapins crétins sont en général d’un blanc nacré qui ne concourt pas peu à leur aspect stupide, mais là encore, la foi chrétienne n’est pas bien loin, car au fond, il y a peu entre Kreide et Crédo ! Certains, enfin, considèrent que le crétin désigne un habitant des montagnes, donc des crêtes, sans pourtant que le rapport avec le crétinisme intellectuel soit bien établi…

Loin se s’égarer dans de telles arguties, l’Apprenti considérera surtout que les Lapins et les Lièvres à crête empruntent ce singulier attribut à d’autres animaux de la basse-cour, en l’occurrence des gallinacés comme le Coq (Gallus) et la Poule (un des principaux animaux chocolatés de Pâques, dont l’œuf est lui aussi un grand classique pascal) : Carmen Galli a déjà évoqué leurs affinités avec la Matière Première.

Une fois de plus, ces choses devaient être dites…

Il n’est pire sourd …

 

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Coïncidence ou intersigne ?

1982-2017, le Coq chante depuis un peu plus de 35 ans ! Coïncidence ou intersigne : le Coq installe son nouveau blog le jour où l’Asie célèbre le Nouvel An, en ce début de l’Année du Coq…

Personne n’ignore que le chêne porte souvent sur ses feuilles de petites excroissances rondes et rugueuses, parfois percées d’un trou, appelées noix de galle (lat. galla). Or, si nous rapprochons trois mots de la même famille latine : galla, Gallia, gallus, nous obtenons galle, Gaule, coq. Le Coq est l’emblème de la Gaule et l’attribut de Mercure, il couronne le clocher des églises françaises … Il n’y a qu’un pas à faire pour découvrir ce que les maîtres de l’Art ont caché avec tant de soin. Non seulement le chêne fournit la galle, mais il donne encore ce Kermès, qui, dans la Gaye Science, a la même signification que Hermès. Les deux termes ont un sens identique, celui de Mercure. Toutefois, tandis que la galle donne le nom de la matière mercurielle brute, le Kermès caractérise la substance préparée…

Il fallait que ces choses-là soient dites, Carmen Galli les avait dites dans son numéro 7.

Bonne année du Coq !

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